paroles du bout du monde

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dimanche 30 septembre 2007

Sagesse bouddhiste près de Dharamsala

Il est difficile de trouver le sommeil sur les routes sinueuses et cahoteuses de l'Himachal Pradesh. Nous arrivons finalement à MacLeodGanj à 5h du matin. Nous partons finir notre nuit dans une guesthouse éloignée, perdue aux confins d'une ruelle poussiéreuse.
Non loin de Dharamsala, MacLeodGanj est le refuge de nombreux tibétains dont le plus illustre d'entre eux, le dalaï lama. La fuite tibétaine a commencé en 1950 avec l'invasion chinoise. Un musée rappelle la lutte d'un peuple, foncièrement pacifiste et sauvagement réprimé par l'armée chinoise. Le bilan catastrophique fait froid dans le dos. La destruction systématique des monastères et des temples bouddhistes a atteint le chiffre effarant de 90%. Plus d'un million de tibétains ont péri et de nombreux ont fui malgré les conditions difficiles de la traversée de l'Himalaya. Une solution pacifiste semble difficile à trouver pour que le Tibet recouvre son indépendance d'autant plus que les chinois continuent à pratiquer la "sinisation" en envoyant des millions de chinois habiter au Tibet, à tel point que les tibétains sont désormais minoritaires sur leur terre.
MacleodGanj est un refuge, une terre d'accueil pour ces milliers de tibétains en exil. Des réfugiés souhaitant plus que tout retourner dans leur pays occupé. Nous nous arrêtons devant l'humble demeure du dalaï lama. Fidèles et curieux s'amassent par centaines pour l'entrevoir, lui serrer la main ou participer à une séance de méditation collective.

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Nous n'aurons pas le temps de le voir et quittons la région en sautant dans un bus matinal se dirigeant vers Amritsar, capitale d'une religion méconnue mais symbolique, le Sikhisme. A l'échelle de l'Inde, à quelques heures de distance, des capitales religieuses se fréquentent dans la tolérance et le respect de l'autre.

dimanche 23 septembre 2007

Perchés dans la vallée de Kinnaur

Un 4x4 blanc, Un guide et un conducteur cashmiris, un chasseur d'images australien qui parcourt le monde depuis 30 ans, une jeune suédoise qui a courageusement choisi l'Inde comme premier pays, un bûcheron canadien, voyageur infatigable et un petit varois parti faire le tour du monde il y a plus de trois mois. Une équipe ecclectique et 10 jours de vie commune dans le futur proche.
Nous quittons Shimla pour une longue journée de jeep et les discussions vont bon train dans l'espace clos du véhicule. On apprend à se connaître. La diversité des cultures nous enrichit.
La route sinueuse s'élève dans une vallée naissante tandis que le manteau brumeux glisse sur les collines et enveloppe la nature silencieuse. Nous nous arrêtons pour une balade en forêt achevée par un temple hindou au sommet de la colline. Aucune vue enivrante. De vilains nuages tissent une épaisse barrière. A peine un banc pour souffler et partager une tablette de chocolat.

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Nous repartons et les discussions continuent. Rires. Expériences de voyage. Conseils sur des destinations futures. Le sentiment frustrant d'une parcelle du monde inconnue. On l'évoque, on utilise quelques superlatifs, on fait rêver son auditoire et ce nom qui était parfaitement absent de mon esprit s'ajoute à la liste des lieux à voir. Plus on voyage et plus il reste à voyager. Un cercle sans fin, le voyage vous fait et vous défait. Sur les routes cahoteuses indiennes, nous traitons des ours et de la pêche des saumons dans les rivières de l'Alaska. La visite du temple d'Hanuman nous extirpe de la jeep. Une statue disneylandesque de l'homme-singe invite les véhicules à s'arrêter et à se recueillir quelques instants.

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Nous arrivons à Sarahan où les toits du temple noircis par la pénombre présagent d'une belle visite demain matin. Nous nous asseyons dans un petit restaurant. La peinture craquelée, des tables de cantine, des casseroles cabossées. Une famille népalaise tient la boutique et dans cette pièce unique de 10m², le réconfort d'un repas familial, on se sent chez soi.

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Réveil agité. Pas le temps de traîner, nous partons à la chasse aux larges araignées qui ont investi les lieux, un seau et une bassine comme armes. Nous avalons un petit déjeuner copieux où on relate nos exploits matinaux puis partons visiter le temple. D'exquis frontons de bois sculptés, une cérémonie hindoue, et un tikka carmin sur le front.

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Nous prolongeons notre visite aux alentours du village. Il est l'heure de partir.
Sur le bord de la route, une vache se bat avec un récipient en plastique accroché à sa tête.
La vallée s'enfonce.
La route vertigineuse creusée dans la falaise à des centaines de mètres du sol s'anime lorsque deux camions bariolés de couleurs vives se croisent. Les rétroviseurs extérieurs s'entrechoquent. La marche arrière est parfois la seule solution. La jeep patiente près du vide avant de reprendre ses virages serrés, le klaxon enfoncé pour avertir les autres véhicules. Une route dangereusement haute qui apporte des sensations fortes aux passagers longeant le précipice. Une vallée aux dimensions de l'Himalaya. Des routes saignent la colline que des glissements de terrain annihilent en quelques secondes.
Des mois de travail pour recompléter les portions disparues.
Une activité insoupçonnée anime notre route aérienne : un troupeau de moutons crée un embouteillage ou un baba sadhou offre des sucreries aux conducteurs et aux passagers fatigués.

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Nous passons 2 nuits à Sangla où un temple en bois domine le village. Il faut enlever les chaussures, revêtir un chapeau et nouer une ceinture pour pénétrer dans le vieux monument.
Ruelles maladroites, vergers et parterres de fleurs pourpre et azur.
Les pommiers croulent sous le poids des fruits rouges.
Au coeur du village, des maisons de pierres nues ou blanchies à la chaux renferment quelques âmes bouddhistes tibétaines en exil.

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La visite de Sangla est entrecoupée par une excursion au village de Chitkul, le dernier village indien avant la frontière tibétaine. L'hiver, les chutes de neige peuvent couper l'accès au village. Ce dernier vit alors en autarcie, oublié de la lointaine civilisation.
Froid saisissant, loin de la fournaise du bassin de Delhi.

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Omelette à la tomate, toasts à la confiture insipide et thé noir. En route pour Kalpa. Sacs entassés à l'arrière, quelques manoeuvres pour quitter l'allée étroite de la guesthouse, on reprend la route.
La bande asphaltée reprend sa danse virevoltante dans la falaise blessée. La rivière en contrebas est un simple cours d'eau. Une sensation de vertige me saisit en jaugeant le ruban bleu turquoise de la vallée. Le ballet des camions décorés nous terrifie, chaque virage est une épreuve. Nous discutons pour oublier le vide. Quelques arrêts pour prendre des photos.
Le panneau "Kalpa" annonce la fin de l'étape. Ici, la marijuana pousse comme de la mauvaise herbe. Et les pommiers plient sous leur cargaison. En fond, la pointe du Kinnaur Kailash fait de timides apparitions entre les nuages. Par beau temps, il s'éclaire de 7 couleurs différentes au cours de la journée. Kalpa, un village de plus accroché aux pentes d'une colline qui vit des heures difficiles quand les vents de l'hiver balaye la région.

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Un nouveau jour, la route continue à s'élever. Nature aride, nature inhospitalière. Des buissons décharnés sourdent ça et là.
La patte humaine a encoché quelques bâtisses délabrées et insignifiantes dans l'ogre de terre. La route zigzague sur les pentes raides et meurt à l'entrée de Nako. Dans le ressac des collines, un petit lac absorbe quelques âmes qui se sont regroupés pour mieux lutter. Le décor himalayen comme seul réconfort de cette vie rude. Pour nous touristes, nous nous gorgeons de ces impressions, de ces sourires, de ces pierres coiffées par les vents, de ces coulées de terre, de ces drapeaux aux franges usées frémissant au sommet d'un talus, de ces habitations cubiques et imparfaites. Où est passée la folie des villes indiennes ? Les klaxons des rickshaws et la pauvreté errante sur les trottoirs ? Difficile de croire qu'on est toujours en Inde. Mais c'est cette diversité qui attire quantité de touristes, loin des sentiers rebattus.
Un trajet en train et l'extase d'un bout de verdure chasse la dépression et le mal-être d'une ville bouillonnante. On se sent bien ici.

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dimanche 26 août 2007

Retour sur la grande muraille

On ne peut quitter la Chine sans revoir et reparler de son symbole. La France a la tour Eiffel et la Chine a la grande muraille. Avant hier et en famille, je suis retourné faire la randonnée entre Jinshanling et Simatai. De superbes perspectives avec un temps clément et des émotions intactes.

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Aujourd'hui, place à la muraille secrète. Une de ces nombreuses parties impossible à décrire dans un guide de voyage et qui fait le bonheur de certains chinois flairant le bon filon. Une alternative pour fuir les touristes qui envahissent les parties refaites de la muraille dans la périphérie de Pékin. Une petite marche d'approche coupe à travers bois et se termine au pied de la muraille.
Ce mélange énigmatique d'une antique construction humaine et de la végétation qui a repris le bout de terre qui jadis lui appartenait. Nous vivons les sensations de ces chasseurs de trésors et autres archéologues des siècles passés, assez fous pour quitter le confort de la ville, guidés par la quète obsessionnelle de nouveaux joyaux et de nouvelles terres. Nous nous émerveillons comme ces pionniers intrépides. Les flancs escarpés des collines auraient formé une barrière naturelle mais en coiffant sa crête par cette muraille, l'homme a montré son intention de dompter la nature, de lui montrer sa supériorité. Pour un temps. Car le temps montre que sans un entretien méticuleux, la nature avale tout, détruit ce fabuleux rempart et dévore la pierre.
L'invasion tant redoutée ne vint finalement pas des hommes mais de la terre. Au fil des années, les racines ont repoussé la roche, se sont infiltrées entre les pavés pour finir par les désolidariser et les ensevelir. Le fruit de la nature rampe sur la roche et nous contemplons cette lutte qui s'évanouit dans un somptueux entremêlement de couleurs et de formes.

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